Petit à petit, l'oiseau fait son nid.

Faire demi-tour comme ça... Ouaip. La sécurité avant tout.

C'est un peu frustré que je retourne à Happy creek. Mais une fois arrivé, l'ambiance me déride malgré moi. Tout ces gens si heureux, ou croyant l'être, qui oublient leurs soucis dans l'alcool... Peut-être vaut-il mieux les garder bien en tête, pour être toujours prêt.

Puis j'aperçois des visages déjà vus, et Mowgli qui se plante devant moi.

Putain ! J'ai la gueule du père Noël ou quoi ? Mes copains jap' ont pas l'air sympa aussi ?

Je ne laisse rien paraitre. Et au fond, même si j'aimerais mieux râler, je suis content qu'il m'apprécie. Débrouillard comme il a l'air d'être, ce sera un jour utile. Un jour comme aujourd'hui. Je décide de prendre la parole, puisqu'il s'adresse à moi déjà, et ensuite, Max aimerait ptet pas traiter avec un môme. Même s'il a l'air plus mature que bien des adultes...

- Hey Mowgli ! Toujours au bon endroit au bon moment ! Ton offre pour nous présenter à Papi Liu tient toujours ?

Je laisse échapper un rire et me reprend vite.

- Merde ! Je croyais que t'avais compris qu'on n'avait pas un rond ! On est à la rue ce soir ! On peut pas te payer avec de la thune tout de suite.

Je jette un œil aux copains, mais je réalise qu'il faut que je me démerde. Je leur lance :
- Si ce que je raconte ne va pas, vous me coupez, hein !

Puis je me retourne vers Mowgli :
- On a que dalle. Mais on peut ptet te rendre service... D'une manière ou d'une autre, on doit pouvoir trouver un arrangement. Pour te prouver qu'on est dignes de confiance. Ensuite, tu nous présentes à Papi Liu, on bosse pour lui et on te file $500 pour le tuyau, quand on les aura. Ça roule ?

Je lui tends la main pour conclure le marché, si personne ne bronche chez les Melting.

Quelle information ? Il fume le ptit gars... Putain, pourquoi il cause pas à Max... ou n'importe qui d'autre... Merci les mec de me laisser dans la merde.

Je fouille dans mon portefeuille, et lui tend mon blé, en demandant aux autres ce qu'il faut pour compléter jusqu'à $100. Alors qu'il tient mon blé et avant de le lâcher, je le regarde dans les yeux et lui dis :

- Tu peux nous faire confiance. Et nous, on peut te faire confiance ?

Puis je lâche le blé.

Une fois qu'on lui a filé la thune, je lui demande :

- Et maintenant ?

Même si je garde une apparence relâchée comme depuis le début, je suis prêt à partir à sa poursuite s'il décampe.

Il s'agirait pas de se faire entuber par un môme, parce que ni ça, ni les représailles qu'on pourrait vouloir faire ne nous apporteraient de la gloire ou du respect...

Une fois partie je me demande si on a prit la bonne décision, pour l'instant, tout ce qu'on à fait ne nous a servit à rien...

A Happy Creek je savoure l'ambiance festive et je me laisse un instant aller dans l'atmosphère de bonne humeur. Bon peut être qu'on aura plus de chance cette fois ci.

Quand je vois Mowgli arriver, je suis à la fois content et tendu, j'aurai presque préféré que ce soit quelqu'un d'autre, mais j'ai bien comprit que dans cette ville, sans contact tu n'es rien.

J’acquiesce quand Jeff mène les négociations, ne me sentant pas à l'aise pour traiter avec ce genre de personnes.

Une fois qu'on lui a filer ce qui nous restait en thune, j'espère qu'il va en sortir quelque chose, mais je reste conscient que même si ça nous apporte du boulot pour un temps, ce n'est pas ce que je veux. De toute façon on n'a pas les moyens de faire ce que l'on veut pour l'instant.

Qu'est-ce que c'est que ça encore ?

Je regarde Mowgli qui, d'habitude si sûr de lui, semble surpris. Tout bas, je lui demande :
- C'est à toi qu'il parle ?

J'écoute si j'entends une autre voix pour tenter de savoir si c'est à nous que cette phrase est destinée. En même temps, je regarde ce qui pourrait nous servir d'arme, au cas où Papy Liu ait des ennuis.

Je tends rapidement la main pour essayer de choper Mowgli alors qu'il s'en va.

Complètement abasourdi par ce qui se passe en réalité, je n'ai pas le réflexe de tenter de chopper Mowgli. Je me retrouve face à Papy Liu puisque je suivais Mowgli en première ligne. Je regarde le tableau improbable qui s'offre à nous :

Dans une ville gangrénée par des truands de toutes sortes, une bande de mecs poursuivis par un groupe militaire ou para-militaire se retrouve à devoir faire confiance à un môme de 10-12 ans pour trouver un boulot, qui les conduit ensuite à un papy en fauteuil roulant qui a tout des clichés des vieux, à râler après les plus jeunes, infirme, et la couverture à carreau.

Je ne sais pas si je dois mourir de rire ou m'effondrer en pleurant. Peut-être que pleurer de rire...

Quoiqu'il en soit, je ne trouve aucun mot à prononcer à l'attention de "notre sauveur"... Je laisse échapper un sourire un peu gêné.

On pourra ptet balayer son magasin, et ranger un peu...

Il était crevé le tuyau...

Etant à l'arrière, je m'apprêtait à chopper Mowgli et un sourire Narquois apparait sur mes lèvres quand Max l'attrape.

Le spectacle de désolation qui nous entoure.... me rapelle qu'en ce moment on n'a pas trop les moyens d'avoir le choix.

Laissant Max prendre la parole, je m'efforce d'avoir l'air le plus sympatique possible. Je regarde birèvement Mowgli (toujours sous ''contrôle'' de Max) avec un petit hochement de tête latéral, du genre ''eh ouaip petit. Mais j'taime bien qund même.

Je mefforce de regarder la boutique au second degré en espérant découvir que cet endroit ridicule dissimule une porte cachée ou des éléments intéressants

Quand le vieux prend la parole, je reprends mes esprits et tourne la tête vers Max qui est plus en retrait. J'essaie de voir s'il veut que je parle ou s'il prend la parole. Voyant qu'il a choppé Mowgli, je me dis qu'il va sûrement vouloir parler. Je me serre un peu pour le laisser s'avancer, tout en pensant :

J'ai vraiment une tête de drogué ?

Puis ma pensée se tourne vers Roger :

Merde... Ca aurait été marrant de l'avoir avec nous pour cette aventure... Notre mangeur de carottes... Je me demande si son état s'améliore. C'est chiant d'être coupé de notre passé ainsi... Faudrait faire un appel anonyme pour savoir comment il va... Faudra qu'on fasse ça.

Je reviens à la réalité.

Je maintient mon emprise sur le gamin, mais sans lui faire mal, juste pour lui dire que je le tient.

Puis je me tourne vers Papy Liu:

-Bonjour Mr Liu. Moi c'est Max. On est arrivé en ville il y a quelques jours. On n'a pas de thune et on ne connait personne par ici. A part ce gamin qui nous a dit que si l'on voulait du boulot, on pouvait s'adresser à vous...

Je regarde Mowgli un instant. Bon, je m'étais trompé, le papy à pas l'air d'employer ce gamin du tout.

-Mais apparemment il y a un malentendu. On n'est pas vraiment commerçant... Mais on peut vous rendre service.

Je regarde la boutique alentour et je me demande ce qu'on fait ici

Je regarde la scène abasourdi, on se croirait dans un vieux film de kung fu chinois ! Il va nous apprendre les arts martiaux en nous faisant peindre un mur ?!? Hahahaha

L'image de se bon vieux Roger me vient à l'esprit, et jme dit qu'il est sûrement mieux là où il est aujourd'hui...

Je regarde néanmoins papi Liu droit dans les yeux, avec insistance, sans méchanceté, juste pour lire à travers lui et lui montrer notre valeur. Je coupe la parole pour fendre ce long silence que je montre depuis des heures :

- A votre avis ?

Je pose cette question de manière à ce qu'il comprenne que 6 gars baraques sont pas là pour vendre des fleurs !

- On sait se battre, c'est notre métier, et on propose nos services à ceux qui peuvent en avoir besoin...

Je m'arrête...

- Pardon Max, j'te laisse parler.

Hé bah y'a de l'ambiance chez papi...

Je fais pas trop gaffe à la conversation que j'écoute d'une seule oreille et je fais le tour de la boutique de papi, histoire de voir ce qu'il vend, peut être que je trouverais des trucs utiles qui nous en apprendront plus sur le vieu...

On dirait que ce que j'avais pris pour de la nonchalance est en fait de la peur.

Je relâche Mowgli et je lui dit:

-Merci, petit d'homme.

Pas farouche ce papy, 6 gars costaud chez lui, et je ne vois aucune arme.

-Disons qu'on sait se battre, et qu'on à besoin d'argent rapidement...

-Pardonnez-moi, mais vous avez du mal comprendre quand j'ai dit qu'on savait se battre. On est des professionnels, rien à voir avec les petites frappes d'à coté.

Je parcours des yeux les meltin.

-M'est avis que beaucoup de gens paierait cher pour nos services, mais si vous n'en avez pas besoin, alors c'est que ce gosse nous a volé 100 billets.

J'ai bien envie d'allé voir les petites frappes d'à coté, et de lui ramener une douzaine de tête, juste pour qu'il arrête de nous prendre pour des guignols.

Oulaaaa... On est sur la mauvaise pente là... Pourquoi Mowgli nous aurait amené là, il a du se rendre compte qu'on n'est pas des scientifiques, docteur ou je sais pas quoi. C'est vrai qu'on sait seulement se battre. C'est un peu la loose...

Je réfléchis. Se battre, pas seulement. On peut s'infiltrer, récupérer des données et informations, intimider, punir. Se battre n'a toujours été qu'un moyen d'arriver à nos fins. Faudrait peut-être valoriser le fait qu'on recherche notre passé... Sans en dire plus. C'est plus noble que se battre.

Je prends la parole car ça ne me semble pas approprié de dire tout ça à voix basse à Max.

- Max, tu permets ? Monsieur Liu, on a besoin de boulot pour survivre ici, et on n'a pas de formation autre que militaire. Mais nous ne sommes pas venus ici dans le but de nous battre. Nous tentons de comprendre notre passé, et c'est dans cette ville qu'il y a la seule chose qui puisse nous aider. Mais pour avoir le temps de la trouver on doit récolter de quoi survivre. D'où notre proposition de nos services. Si vous ne pouvez nous aider, on s'en va. Mais ça nous arrangerait si vous connaissiez quelqu'un qui pourrait avoir besoin de nous.

J'espère que je l'aurai convaincu... En fait c'est ça le souci quand on est "chef". On doit répondre directement, et donc on n'a pas le temps de réfléchir aux mots adéquats pour toucher la personne...

Je me remets un peu en retrait derrière Max.

Drive-by ?!? Kesako ?!? Mais la dernière chose.. Je répond d'un ton sûr :

- Ça c'est mon job. Je sais conduire et dans les conditions les plus durs. Vous avez du matos à transporter ? On peut faire le transport et la protection.